Evaluer le taux d’infestation du varroa dans ses ruches
1/ Les chutes naturelles
Cette méthode permet d’évaluer le taux d’infestation sans avoir besoin d’ouvrir la ruche. Elle permet d’observer le nombre de varroas qui tombent au fond de la ruche. La quantité obtenue permet de renseigner de manière indirecte le taux d’infestation.
Méthode
1/ Recouvrir de margarine ou autres substances collantes un support clair et rigide que l’on peut facilement glisser sous la ruche.
2/ Placer le support sous le plancher qui doit être entièrement grillagé.
3/ Laisser le support entre 3-7jours puis faire le comptage des varroas. Le nombre obtenu doit être divisé par le nombre de jours où le support a été laissé sur place.
4/ Nettoyer le lange à l’aide d’une spatule en éliminant les déchets dans un seau/sac plastique puis répéter l’opération pendant 2 semaines au total.

Le niveau d’infestation ne doit pas dépasser un certain seuil, à partir duquel la pression du parasite deviendrait dommageable pour la colonie. Ces niveaux d’infestation évoluent en fonction de la saison.

On considère les seuils suivants :

Important : ces valeurs restent cependant indicatives et dépendent de la force de la colonie, de la gestion du rucher et de l’environnement. Plusieurs tests de dépistage sont donc conseillés afin de pouvoir comparer les résultats.Pour plus d’informations, voir bibliographie [1,4].
Remarques:
• S’il fait très froid, la grappe se serre et le nombre de varroas tombés sur les langes diminue.
• Si les langes ne sont pas relevés régulièrement, les varroas peuvent être consommés par des insectes nécrophages, notamment par des fourmis. L’absence de cadavres de varroas sur le lange n’est alors pas significative.
• Si vous n’avez pas de plancher grillagé, vous pouvez placer un lange graissé au-dessus du plancher de la ruche. Il faut alors faire un comptage quotidien car les abeilles vont nettoyer le lange très rapidement (selon la période d’activité).
2/ Les prélèvements d’abeilles
Les prélèvements d’abeilles consistent à évaluer le nombre de varroas phorétiques parasitant les abeilles adultes. Plusieurs méthodes permettent de détacher les varroas de leur hôte. Deux méthodes sont décrites ci-dessous.

a. Méthode au sucre glace
Matériel
– Un pot de miel/confiture de 1 kg- Grillage de maille 3mm de section ronde (grillage de fond de ruche par exemple)- Une balance (précision 0.1g)- Sucre glace- Sac de congélation- Eau- Papier, crayon
Méthode
1/ Préparer le pot en ôtant le centre du couvercle et remplacer le par le grillage, ceci permettant de laisser passer les varroas et non les abeilles.
2/ Peser le pot au préalable et étalonner la balance.
3/ Prélever 42g d’abeilles (=300 abeilles) sur un cadre de couvain ouvert en déplaçant le contenant délicatement sur la surface du cadre (en prenant soin de ne pas prendre la reine).
4/ Peser le pot et noter le poids ainsi que le numéro de ruche.
5/ Ajouter le sucre glace (20-40g ≈ 2 cuillères à soupe)
6/ Remuer le pot en le faisant « rouler » sans renverser le sucre glace afin que les abeilles s’en recouvrent pendant 1 min.
7/ Laisser reposer 1 min afin que les abeilles s’épouillent, ce qui augmente la chute des varroas.
8/ Secouer énergiquement le pot au-dessus du sac de congélation.
9/ Remplir le sac d’eau afin de dissoudre le sucre glace et compter/noter le nombre de varroas.
Pour plus d’informations, de nombreuses vidéos sont disponibles sur internet et voir bibliographie [2,3,4].

b. Méthode à l’eau savonneuse ou à l’alcool
Matériel
– Pot de miel/confiture de 1kg- Sac de congélation- Glacière- Eau- Liquide vaisselle ou alcool 70%- 1 tamis de 5mm- 1 tamis <1mm
Protocole
1/ Prélever 300 abeilles sur plusieurs cadres de couvain ouverts (2-3 cadres) sans capturer la reine, soit en secouant un cadre au-dessus d’un toit retourné où les abeilles seront ensuite transférées dans un pot étalonné au préalable (120mL = 300 abeilles), soit en prélevant directement les abeilles sur les cadres en déplaçant le pot à la surface du cadre.
2/ Mettre les abeilles dans un sac de congélation puis le sac numéroté (date, n° de ruche) dans une glacière le temps de revenir du rucher.
3/ Ajouter de l’eau additionnée à du liquide vaisselle / de l’alcool 70% dans le sac (jusqu’au tiers) et agiter pendant 1 min.
4/ Verser le contenu à travers deux tamis : le premier de 5mm laissera passer les varroas mais pas les abeilles ; le deuxième <1mm en dessous retiendra les varroas.
5/ Rincer les abeilles à l’eau claire et compter les varroas retenus dans le deuxième tamis.
6/ Diviser le nombre de varroas obtenus par 3 pour connaître l’infestation de varroas pour 100 abeilles.

On considère les seuils suivant pour les varroas phorétiques :

3/ Désoperculation du couvain mâle
Le couvain mâle est infesté par le varroa 6 à 12 fois plus que le couvain d’ouvrières. C’est pourquoi cette technique s’appuie sur le couvain mâle afin de réduire la pression du varroa tout en contrôlant son taux d’infestation. Cependant, elle ne remplace pas l’application d’un traitement anti varroa.Cette méthode est applicable d’Avril à Juin.
Méthode
1/ Introduire un cadre piège à bâtir (ex : un cadre de hausse où la partie inférieure sera bâtie) lorsque vos colonies sont assez fortes, soit au milieu du couvain, soit en bordure du couvain.

2/ Une fois le cadre bâti et pondu, attendre son operculation et l’éliminer ensuite lorsque la majorité du cadre est operculé. Découper le cadre et le mettre dans un seau afin d’éviter un pillage.
3/ Sur 200 cellules de couvain mâle, utiliser une griffe à désoperculer pour « embrocher » les cellules puis réaliser le comptage de varroas sur les 200 cellules prélevées.
4/ Si plus de 5% des cellules (soit 10 cellules) sont infestées, un traitement s’avère nécessaire.
Pour plus d’informations, voir bibliographie [5,6].
Lutte contre le varroa : pourquoi alterner les traitements APIVAR-APISTAN ?

Le varroa
Le Varroa destructor est un petit acarien parasite de l’abeille domestique, visant tous les individus dans la ruche (reine, ouvrières, mâles) à tous les stades de leur développement (adultes, larves et nymphes).Il se nourrit de l’hémolymphe des abeilles, c’est-à-dire du liquide circulatoire, analogue au sang chez les vertébrés. Il prive alors l’abeille de nombreuses cellules sanguines et de protéines mais surtout il participe à la transmission de maladies lors des piqûres ou ultérieurement en laissant une plaie ouverte, créant ainsi un foyer infectieux.
La varoose est souvent associée à des malformations provoquant une mort précoce chez les abeilles atteintes (virus des ailes déformées). A l’échelle de la ruche, une colonie infestée s’affaiblit progressivement et finit par mourir.Le varroa est actuellement présent dans toutes les colonies et peut se transmettre d’une ruche à une autre lors de pillages, du butinage ou lors de dérives des ouvrières par exemple. C’est pourquoi il est indispensable de vérifier le taux d’infestation de ses ruches et d’appliquer un traitement, si nécessaire. En l’absence de lutte contre varroa, les ruches périclitent et contaminent les ruchers voisins.
Rappel : seuls les varroas phorétiques (présents sur les abeilles adultes) sont tués lorsque l’on applique un traitement. Si la ruche est pleine de couvain, le traitement doit être suffisamment long pour tuer les varroas au fur et à mesure qu’ils sortent des cellules.
Principe de l’alternance APIVAR-APISTAN
Le GDSA 08 propose des traitements disposant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). Ces dernières années, vous pouviez acheter de l’Apivar. Ce traitement, à base d’amitraze, se présente sous forme de lanières qui libèrent de manière prolongée la matière active, permettant de réduire fortement la population de varroas.
En 2018, en suivant les recommandations du vétérinaire conseil Luc Bastin, le GDSA08 propose de traiter vos ruches avec des lanières APISTAN. Ce traitement à base de tau-fluvalinate, a été beaucoup utilisé pour lutter contre le varroa jusqu’à la fin des années 90. Son abandon, au profit d’Apivar, a été déclenché par la résistance développée par le varroa contre le tau-fluvalinate.Cependant, des tests réalisés ces dernières années ont montré une régression de cette résistance, révélant une efficacité de 93 à 98% d’Apistan. Il est donc aujourd’hui possible de réutiliser ce médicament dans la lutte anti-varroa. Toutefois, il est recommandé de l’utiliser en alternance avec d’autres médicaments (pendant une campagne, deux au maximum) afin d’éviter la réapparition d’une résistance.En parallèle, cette alternance permettrait de ralentir l’apparition d’une potentielle résistance du varroa face à Apivar. Pour que cette alternance ait toute son efficacité, il faut qu’elle couvre un territoire étendu. C’est pourquoi il est recommandé :
– D’utiliser Apistan dans tout le rucher
– De ne pas mélanger Apivar et Apistan dans une même ruche
Le mode d’emploi d’Apistan est similaire à Apivar, en insérant deux lanières entre les cadres et en les positionnant au sein de la grappe. Pour le traitement d’automne, les lanières doivent être mises en place après la récolte en août et laissées pendant 8 semaines. NE PAS LES LAISSER TOUT L’HIVER !
Pour plus d’informations, consulter la notice d’utilisation: http://www.ircp.anmv.anses.fr/rcp.aspx?NomMedicament=APIVAR+LANIERES+POUR+RUCHES+A+500+MG+D%27AMITRAZ
Sources:
• Fiche Technique 3 – LUTTE CONTRE LE VARROA – TRAITEMENT DE FIN DE SAISON APICOLE : UTILISATION DES MEDICAMENTS:
http://www.frgds-paca.org/attachments/article/93/Varroa_fiche_technique_traitement_APISTAN.pdf
• Suivi de l’efficacité des traitements contre Varroa destructor bénéficiant d’une AMM au cours de l’automne et de l’hiver 2006/2007 – ITSAP :
http://www.itsap.asso.fr/downloads/publications/tap_san_p7_12.pdf